Préalable :
- C’est en tant que militant des CEMEA et de l’Education Nouvelle que je fais cette contribution.
- Comme tout le monde j’ai appris en Avril, l’annulation de l’édition 2020 du Festival d’Avignon In et dans la foulée celle du OFF. Il est vrai que ce fut un choc. Une telle annulation avait eu lieu en 2003 pour le Festival In.
- Mais sommes-nous pour autant, portés par un sentiment de « désœuvrement » ? Pour ma part, ce ne fut pas le cas, puisque en Avril 2020, je ne savais pas si je participerais au sein d’une équipe à un des projets de Centre de Jeunes et de Séjours du Festival d’Avignon. Et depuis plusieurs années, je ne participe pas systématiquement tous les ans au festival d’Avignon
L’année passée j’ai participé à l’équipe du Centre CFA et j’ai encadré le Séjours atelier.
Je me suis aperçu que pour moi-même si je n’étais pas présent tous les ans, notre histoire au niveau du Festival d’Avignon continue et qu’en tant que militant des CEMEA, année après année, je la suivais et qu’elle continuait à me concerner à plusieurs niveaux.
Aussi cet été même si le festival n’a pas lieu, je crois que nous devons poursuivre notre histoire. Nous devons avoir un regard sur ce qui nous arrive et poursuivre notre réflexion, notre pensée sur ce qui est en cours. Je le crois d’autant plus que n’étant pas sous l’urgence de l’organisationnel, de la mise en place, nous pouvons cette année prendre le temps de revenir sur le sens de notre engagement, de partager nos recherches et nous attarder sur plusieurs points du fonctionnement.
Ainsi je souhaiterais partager quelques réflexions, interrogations et faire quelques propositions très discutables
Sur notre rapport avec le festival IN : assumez notre rôle de partenaire
Réflexion : Nous sommes des spectateurs organisés et je pense que nous avons le devoir et le rôle de faire des retours à l’équipe du Festival In. Faire des retours sur la programmation, sur l’accueil des spectateurs, sur l’environnement du festival.
Interrogation : Pourquoi n’avons-nous pas une rencontre en fin de festival avec l’équipe de direction, pour leur donner nos retours et ceux des participants de nos centres ?
Proposition : Mettons en place un processus qui nous permette de mémoriser les sentiments, les remarques et interrogations des participants et membres des équipes. Il me semblerait intéressant que nous ayons au niveau des CEMEA, une parole en tant que partenaire, mais surtout en tant que public organisé.
Sur notre travail d’expérimentation : un chantier et des recherches pédagogiques
Réflexion : Le Chantier d’Avignon est pour les CEMEA un lieu d’expérimentation sur différentes pratiques, accompagnement culturel, pratiques artistiques. Comme nous accueillons différents publics avec différentes situations individuelles et collectives, certains sont préparés, d’autres découvrent le festival et des fois le spectacle vivant, nous devons constamment nous adapter et réinventer.
Interrogations : L’hors de ma participation en 2019, j’ai été étonné par le fait qu'au cours du week-end de préparation en juin, il n’y a pas eu de présentation des projets de chaque centre. Puis à ma connaissance aujourd’hui, il n’y a pas de bilan écrit de ces expériences et de retour sous forme de documents sur les expérimentations engagées par les différentes équipes.
Proposition : Les CEMEA se doivent d’avoir un protocole de travail pour pouvoir tirer le profit des expérimentations effectuées sur des chantiers comme Avignon. Pour moi cela me semble, un engagement de tout militant d’avoir le souci de partager ses recherches et de nourrir l’association à travers des comptes-rendus d’expérience.
D’autre part, depuis deux ans nous avons mis en place un laboratoire sur nos pratiques artistiques au Festival d’ Aurillac. Nous avons essayé de travailler plus en profondeur sur cette démarche d’expérimentation et il serait intéressant que la suite du travail se fasse en rapport avec l’expérience d’Avignon.
Sur la question de l’aménagement : « décoration ou recherche artistique ? »,
Réflexion : Ce qui est intéressant dans la mise en place des centres, c’est à la fois d’aménager les locaux pour qu’ils soient fonctionnels, pour que l’on oublie leurs fonctions habituelles (école, lycée ou centre de formation), mais aussi c’est de pouvoir dépasser la simple idée de décoration pour s’aventurer à évoquer les grands thèmes de la programmation du festival, à travers une recherche plastique artistique et esthétique.
Interrogation : Vu que nous avons au maximum un jour ou deux sur place pour tout faire, notre question, c’est de savoir comment s’y préparer au mieux en amont, avant d’être sur place ?
Proposition : Ne pourrions-nous pas l’hors du week-end de préparation à toutes les équipes, avoir une rencontre avec des plasticiens, pour travailler et s’entrainer sur quelques recherches et propositions ?
Sur la question de l’accueil : Quelle place, donner au bar ?
Réflexions : Je trouve que le bar depuis quelques années prend trop de place dans nos centres. Je crois qu’il ne doit pas remplacer l’accueil et empêcher toute réflexion sur les formes possibles de rencontre entre les personnes aux retours des spectacles.
Interrogations : N’est-il pas intéressant de rechercher des propositions de rencontres s’adressant à toutes les personnes du centre ?
Propositions : Ne pouvons-nous pas mettre en commun les tentatives ou propositions faites dans certains centres. Dans le cadre du laboratoire d’Aurillac, nous avons pu aussi expérimenter certaines propositions. On peut aller du côté de lectures de textes, de jeux d’écriture, d’aménagements surprise d’espaces, de projections photos ou vidéos, de construction de déambulations inattendues préparées par un groupe ……
Sur les dialogues artistes- spectateurs : espace public / parole public
Depuis près de 20 ans, les CEMEA animent cette espace de dialogue et de rencontre avec les artistes, il est important de rappeler quelques principes de départ qui ont été posés lorsque le festival a confié cet espace au CEMEA. Il s’agissait de remettre à égalité tous les spectateurs participants et d’animer cette espace de façon que tout le monde se sente autorisé à s’exprimer. Il s’agissait de favoriser la rencontre et l’échange entre les spectateurs et aussi entre les spectateurs et les artistes. Mais nous voulions aussi que cet espace permette d’aller vers un échange entre les participants et l’artiste sur les sujets, ou thèmes mis en jeu dans le spectacle. Avoir un espace de dialogue sur la place public à partir des créations.
Proposition : Il serait intéressant d’analyser plus précisément le déroulement de ces dialogues et de chercher les formes qui permettent d’aller quelques fois vers cette parole plus sociétale et politique (au sens réflexion sur la menée de la cité).
Sur la question de la gouvernance : pas très clair et un peu trop verticale ?
Réflexions : J’ai lu à travers le rapport d’activité qu’une nouvelle gouvernance a été mise en place l’année passée. Je dois avouer que j’ai du mal à m’y retrouver sur les rôles et fonctions entre le trio dit « de direction », le groupe de pilotage et le collectif des responsables.
Interrogation : N’est-ce pas une organisation très verticale ? Qu’elle place donne-t-on aux militants qui sont prêts à se mobiliser pour soutenir le chantier et réfléchir dessus.
Propositions : Je trouve qu’il manque une instance qui permette aux militants des CEMEA de se mobiliser pour ce chantier. Actuellement, si vous avez-été choisi pour diriger un centre (par ?), ou pour faire partie d’une équipe, vous en êtes, et sinon vous n’existez pas. Pour moi, cette instance est nécessaire pour assurer, la continuer de la recherche, pour préparer et valider des paroles plus politiques concernant le festival. Cela pourrait être un outil important pour mobiliser les militants sur la diffusion auprès des différents publics que nous voulons atteindre (Voir le rapport d’activité).
Autres sujets : les publics et places de spectacles : Voir ma lettre ouverte au président de Centre de Jeunes et de Séjours du Festival écrite fin juillet 2019. (Cette lettre est mise à disposition dans un autre post)
Jacques FROT
06.21.04.75.58.
jacfrot@aliceadsl.fr
14 juillet 2020
Je rejoins Jacques sur ses réflexions et je souhaiterai pouvoir participer à un temps de réflexion (sur un we?) pour aborder tous ces points et approfondir ces questions, avec le plus possible de militants engagés sur Avignon.